à l’Anubis moderne

50/65 cm / acrylique sur toile / Paris novembre 2009 / © Parés

collection privée

Giacomo Assoluto terminait avec le jour ses quarante ans au «A l’Anubis  Moderne», jadis le grand café de la piazza San Catugno.

Il était entré come simple garçon et le quittait en tant que chef d’escadrille, seulement, il partirait en silence, les fastueuses fêtes d’adieu d’antan s’étaient effilochées au point de s’évanouir totalement.

Le centre ville s’était peu à peu déplacé sans que personne ne s’en aperçoive, les clients ont déserté, le restaurant d’en face ferma ses portes et le café l’annexa afin de créer une deuxième terrasse, aujourd’hui la seule.

En quarante ans il lui avait été donné de voir le Gargantua du deuxième étage soupirer d’ennui trois fois, cinq fois cligner des yeux et se fendre de quatre époustouflants vents fessiers qui descellèrent à chaque fois un bon nombre de dalles. Il apprécia aussi la défenestration de quelques employés de bureau à cause de quelque désordre amoureux comme des fluctuations de la bourse. Mais surtout, comme en ce jour là, il vit passer deux fois Anubis, l’Anubis moderne, d’où le nom du grand café.

Cela se savait autrefois dans la piazza, que celui-ci apparaissait silencieux et précautionneux juste avant une quelconque mort, cette fois il semblerait que ce soit le tour de la voisine imprudemment assise au bord de la corniche, la voisine prédisposée, celle qui s’était fatiguée d’aimer qui impressionna tant ce bon vieux Manzi.

Il y a des siècles.

Doués à force d’une espèce d’instinct identique, Anubis et Giacomo Assoluto furent les seuls à apercevoir le peintre qui croquait la piazza San Catugno.

En revanche Assoluto fut le seul à se dire qu’il y avait là comme un signe…

Anubis est le nom grec du dieu égyptien originellement appelé Inpou ou Anepou «celui qui a un tête de chacal»

En langue hiéroglyphique:

Plume = i = le vent.

Vaguelette = n = l’eau.

Carré = p = le désert.

Anubis était un dieu de grande compassion, il protégeait les défunts, les accompagnait dans l’autre monde et gardait leurs tombes.